Moteur : électrique contre essence

Le 08/03/2017

Dans Moteurs

Texte VAP  illustrations "vi Båtågare"

Nos petits bateaux peuvent souvent accueillir un moteur hors-bord qui remplace les avirons pour quelques muscles vieillissants. Mais les moteurs à essence font du bruit, dégagent des vapeurs nauséabondes, salissent les cales et polluent forcément les eaux où l'on navigue. D'où la question légitime : "puis-je opter pour un moteur électrique pour aller en mer?

Chercher un éclairage autorisé à cette question entraine vers des abimes de perplexité à vouloir s'y retrouver dans les chevaux vapeurs, les watts et les livres de poussée anglaises, sans compter les détours par la puisssance à l'axe et la puissance à l'hélice.

Peu de littérature sur Internet permet de se faire un avis tant soit peu raisonné. Une revue suédoise, "vi Båtågare" avait, en 2006, fait des comparaisons en utilisant des moteurs thermiques et des électriques sur deux barques identiques. Test torqeedo/mercury Article en Suédoistesttorqeedosuedois.pdf (5.38 Mo)

électrique contre essence

 

Mais comme il se pourrait que quelques-uns d'entre vous ne soient pas totalement à l'aise avec le suédois, nous en faisons ici un résumé qui peut être utile.
Les journalistes de la revue ont testé deux moteurs électriques de la marque Torqeedo et deux moteurs Mercury, dans des puissances compatibles avec nos embarcations. Le premier duel opposait un Torqeedo 801, d'une puissance de 800W, aujourd'hui remplacé dans la gamme par un moteur plus puissant le 1003, à un Mercury 2.5cv à quatre-temps, alors que la seconde confrontation concernait un Torqeedo Cruise2 de 2000W et un Mercury quatre temps de 5 cv.

Nous ne décrirons pas les moteurs, il vous suffit de rechercher sur Internet pour en avoir les caractéristiques, en revanche nous vous fournissons le tableau récapitulatif des tests en adaptant les commentaires en français qui sont affichés sous le tableau en suédois. Pour vous faciliter la lecture directe des tableaux, voici un peu de vocabulaire suédois :
Torqeedo/ Mercury

bensin : essence
belastning : charge à bord
elmotor : moteur électrique
fullt gaspådrag : plein gaz
halv gas : gaz à moitié
lågfart : petite vitesse
ljudniva :niveau sonore
med : avec
medan : tandis que
mot : contre, opposé à
samma : identique
sjomil : mile marin
topfart : vitesse maximum

 

Voici donc les commentaires des tables de comparaison de moteurs à essence/ moteurs électriques.

Le Mercury 2.5cv est en noir, le Torqeedo 801 est en gris, le Mercury 5cv a droit à la couleur rouge et le Torqeedo Cruise se peint en vert.

Tableau 1 : vitesses maximales.

 

Vitesse maximale avec 2 personnes à bord.

Ici, nous voyons que lla vitesse de pointe ne diffère pas tellement dans chaque paire de moteurs. Entre le plus petit 2,5cv Mercury et le Torqeedo Travel 801 il n'y a que un nœud à l'avantage du moteur à essence : 5,5 noeuds au lieu de 4,5 noeuds.

Pour le grand frère Mercury de 5cv  et le Torqeedo Cruise 2.0, la vitesse de pointe ne diffère que de 0,8 noeuds : l'essence est la plus rapide avec 6,1 noeuds tandis Torqeedo Cruiser est légèrement plus lent avec 5,3 noeuds

 

Tableau 2 : accélérations

Accélération avec 2 personnes à bord.

Ici, nous voyons que les moteurs à essence accélèrent plus vite que leurs collègues électriques.

Le Mercury 2.5cv est presque deux fois plus rapide que le Torqeedo Travel 801 pour passer de 0 à 4,5 noeuds,  tandis que le Mercury 5 cv met deux secondes de moins que le Torqeedo Cruiser de 0  à 5.5 noeuds.

 

Tableau 3 :  niveau sonore

Niveau sonore endécibels.

Pour le bruit il n'y a pas combat dans le couple Mercury 2.5cv et le Torqeedo Travel 801. Le moteur électrique est beaucoup plus agréable à conduire. Le Mercury 2.5cv a un niveau sonore de 20 dBA plus élevé que le Torqeedo Travel 801. Entre les gros moteurs, l'écart est moins net. De 1,7 jusqu'à 3,5 noeuds les niveaux sont semblables, cependant à plein régime le Mercury 5cv  devient deux fois plus bruyant que l'électrique.

(10 dBA de plus  correspond en principe à un doublement du niveau sonore pour l'oreille humaine,)

 

Tableau 4 : autonomie en miles nautiques

Distance parcourue avec respectivement un réservoir plein et la batterie complète avec 2 personnes à bord.

Mercury 2.5cv contre Torqeedo travel 801

A fond, à vitesse maximum de 4,5 noeuds, on ne parcours que  1,9 miles nautiques avant que la batterie intégrée de 300w du Travel 801 ne soit vide. Alors qu'avec son reservoir intégré de 0.95 litre, le moteur à essence permet de parcourir 4.2 mile nautiques à la vitesse de 5.5 noeuds.

Mercury 5cv contre Torqeedo Cruise 2.0

A la vitesse 3,5 noeuds, nous pourrons parcourir 28 miles nautiques avec Torqeedo Cruise sur les batteries pleines, tandis que c'est 58,3 miles avec un réservoir plein sur le Mercury 5cv à la même vitesse.

Tableau 5 : autonomie en heures

Nombre d'heures de fonctionnement avec un réservoir plein ou une batterie complètement chargée avec deux personnes à bord.

Mercury 2.5cv contre Torqeedo travel 801

A fond les manettes avec un réservoir plein d'essence et la batterie complètement chargée, on peut durer jusqu'à 45 minutes avec le Mercury 2.5cv, mais seulement 25 minutes avec un moteur électrique Travel 801, avant que le contenu de la cuve / batterie soit épuisé.

Mercury 5cv contre Torqeedo Cruise 2.0

Si vous réduisez la vitesse à 3,5 noeuds avec les moteurs plus gros, nous voyons que nous pouvez durer un peu moins de 17 heures avec le Mercury 5cv et une nourrice pleine de 12 litres. Avec le moteur électrique Torqeedo Cruise, vous conduisez pendant huit heures avant que les piles soient épuisées.

 

Conclusions

Quelques remarques complémentaires peuvent être formulées. En terme de puissance, les prétentions de Torqeedo de comparer un moteur de 800w à un moteur thermique de 2cv ne semblent pas abusives. Le Mercury donné pour 2.5cv n'est que légèrement plus puissant que le Travel 801. On peut extrapoler en admettant que le Torqeedo 1003 actuel fournit une puissance comparable à un 3cv à essence.

En revanche on est très déçu en terme d'accélérations, ce qui est surprenant, les moteurs électriques permettant en général des montées rapides et régulières en puissance.

C'est une fois de plus l'autonomie qui fait défaut aux électriques, avec le Travel 801, malgré les batteries sans plomb, revenir de l'ile d'Aix vers La Rochelle un jour de pétole semble hors de portée. Pourtant les pêcheurs qui veulent naviguer longtemps à petite vitesse et sans bruit y trouveront leur compte, l'autonomie étant excellente à 1.7 noeuds, tant pour le Travel 801 que pour son grand frère.

Petite déconvenue en matière sonore, si le petit Torqeedo 801 ménage effectivement nos oreilles, le Cruise à vitesse moyenne ne fait pas mieux que le Mercury 5cv.