Quelques jours en Seudre 2017

Le 14/03/2018

Dans Raconter

Texte  ; Jean-michel COURONNE et Yannick, l’équipage de « Fleurd’Orient », un Bayraider 17 

Photos : Jean-Michel Couronné, Yannick, Jean-Luc Louis.

Des Voiles de Mornac au Chantier Rabeau en aout 2017.

En consultant le calendrier des festivités nautiques dans les Pertuis Charentais 2017, il était apparu qu’on pouvait aisément fin aout en enchainer plusieurs en Seudre et alentour, pourvu qu’on se dote d’une solution de continuité de notre cru. C’est ainsi qu’après avoir été fastueusement reçus par le club de l’Éguille Voile et Nature, on a pu participer au Voiles de Mornac, puis rejoindre le Chantier Rabeau à Bourcefranc.
Jean-Michel et Yannick, ces membres de la diaspora vapiste vivant en pays Nantais, nous racontent ici leur participation à ces réjouissances estivales.

Samedi et dimanche

C’est par un beau dimanche d’aout que nous avons découvert les festivités des « Voiles de Mornac », une des nombreuses manifestations nautiques dans le bassin de Marennes Oléron.

Notre association de petits voiliers « VAP » (Voile-aviron dans les Pertuis) était invitée à Mornac sur Seudre, un village classé parmi les plus beaux villages de France, au nord de Royan.

Nos embarcations, si elles sont récentes pour la plupart, sont souvent gréées au tiers avec leurs voiles et coques de couleurs. Elles s’intègrent très bien avec les vieux gréements plus imposants qui participaient à ce rassemblement.

La veille au soir une dizaine de bateaux, sans le nôtre qui n’arrivera de Saint-Nazaire que le lendemain, avaient rejoint le petit port de L'Éguille au fond de la Seudre, pas très loin, en amont de Mornac .

La soirée y fut festive, pour se faire le gosier nous a-t-on dit, et au réveil à 5h du mat’ le dimanche, il y avait des frissons. Mais la marée commande et la mer descend vite, il fallait faire vite pour ne pas se retrouver le cul (du bateau) dans la vase.

Depart matinal sur la Seudre

La flotille avait prévu de s’échouer pour midi au sud d’Oléron, sur la plage de Gatseau en face l’estuaire de la Seudre, cependant les vents défavorables n’ont pas permis cette halte. Finalement c’est à peine posé sur le sable de Ronce les Bains, côté continent, que les voiliers ont dû repartir, car la renverse se faisait déjà sentir.

C’est donc au retour des bateaux qui embouquaient la Seudre, que nous avons rejoint la flotte à partir de la cale de La Cayenne, non pas celle du bagne, mais d’un petit port ostréicole ainsi nommé où se jette le canal de Marennes dans la Seudre. Alors nos belles voiles ont remonté le fleuve sous le soleil, avec un vent léger et portant. La Seudre reste claire comparée à la Charente plus au nord, c’est pourquoi elle est une « rivière » d’élevage de naissains d’huitres, grâce à la qualité de son eau.


 

Voiles de mornac 2017


 

Il était prévu que nous allions rentrer à la queue leu-leu dans un ordre bien défini dans le chenal tortueux de Mornac, rive gauche, aussi une escale s’est imposée dans un étier en attendant le top d’entrée. Après quelques ronds dans l'eau en attendant le signal, tout avait bien commencé, mais bien que nous soyons très disciplinés comme il se doit, au fur et à mesure que nous avancions dans le chenal bordé de carrelets et cabanes colorées, la belle ordonnance a eu quelques ratées, si bien que nous sommes arrivés dans un joli désordre. C’est ainsi que Fleur d’Orient, trop rapide, prenait la première place au lieu de la septième allouée, car pour freiner dans le courant il ne reste que les avirons, mais ramer à contre sens des autres, ce n’est pas facile quand on manque d’espace.

Nous avons été accueillis micro en main par Pierre, notre président de l’époque, consigné à terre avec regret, ou comme lui-même aurait dit, puni de ne pouvoir naviguer. Ce fut une belle prestation de nos petits bateaux entrant à la lueur du soleil couchant, parmi ces voiles multicolores se frayant un passage dans ce très ancien port de pêche et de commerce, situé au bord du marais. Ce village vit au rythme des marées et a conservé tout son caractère traditionnel, à l’image de nos voiliers modestes amarrés le long des quais ou des pontons des cabanes bariolées.

Pour l’animation se fut réussi. D’abord un bain forcé de l’équipier de Fleur d’Orient, Yannick, en voulant nous amarrer provisoirement sur une berge herbue et abrupte. Yannick trempé, Yannick désolé, mais Yannick changé à l’abri des regards dans une de ces petites cabanes qui longent l’étier.

Heureusement, nous avions nos rechanges dans nos sacs étanches, pour les soirées bien arrosées (nous parlons de la pluie, naturellement). Nous n’avons pas de cabine de bains, nous essayons si possible d’être en autonomie complète, mais ce n’est pas toujours facile surtout pour avoir le pain ou le rosé gardés au frais.

Finalement, tous, nous avons posé nos bateaux docilement. Sur un avant-quai, comme le Drascombe de Jean Pierre ou bien coincés sur une cale envasée comme la bande à Isabelle et Patrick.

Voiles de mornac 2017 échouage

Quant à nous, nous avons choisi de nous mettre à couple du Pirmil de Françoise et Philippe, jusqu’à se coller à marée basse dans le reste de filet d’eau. C’est vrai qu’avec leur faible tirant d’eau, dérive et safran relevés, nos bateaux sont bien adaptés à l’échouage et la navigation dans les étiers de cette région de la Charente Maritime.

Après une soirée et un diner musical sur les quais à la lumière des projecteurs dans les voiles des vieux gréements, ce fut bivouac sous tentes pour beaucoup dans un petit bois, pas bien loin de nos bateaux, tandis que certains ont préféré un repos confortable à bord d’un gros vieux gréement.

Rares furent ceux qui cabanèrent, car dormir sous la tente sur le bateau n’est pas toujours confortable, surtout quand le canot s’incline sur la cale envasée. Mais il y a des avantages : certes il faut supporter le bruit de la fête, en revanche on a le privilège d’être proche, suivant nos envies, des bars ou des sanitaires du port.

Mornac soirée

Lundi

Le lundi en matinée comme la mer était basse, c’est une ballade à pied qui nous à fait découvrir ce paysage ostréicole, où la vue se perd dans ce labyrinthe d’anciens marais salants, reconvertis en claires pour l’affinage des huitres ou bassin d’élevage de crevettes ; puis Mornac nous accueillait, avec son église romane, ses maisons peintes en blanc, ses boutiques d’artisanat, et ses ruelles fleuries .

Après un déjeuner partagé sur les quais, ce fut une découverte sous voile des achenaux qui borde la Seudre en amont de Mornac, guidé par Bruno, le local de l’étape.

Il est surprenant de voir depuis la terre ces voiles qui glissent au-dessus des marais, surtout avec la marée haute et un gros coefficient. C’est un grand plan d’eau qui s’offre à nous pour régater, sans l’écran d’arbres qui nous déventeraient comme souvent en rivière, même si certains déclarent forfait, et comme Taka, la plate blanche de JB, préfèrent se planquer dans les roseaux au premier méandre .

Mardi

Le mardi nous avions rendez-vous au chantier Rabeau à Bourcefranc, pas loin du pont d’Oléron, mais dans l’estuaire de la Seudre la flotille s’est divisée. Certains ont sorti leurs bateaux de l’eau à La Cayenne, appelés à terre par quelques obligations, certains non motorisés ont préféré s’échouer à Gatseau au sud d’Oléron, d’autres comme nous, ont suivi Bruno vers une langue de sable en face du château d’Oléron. Il faut dire que les courants divergent ou s’opposent, surtout à la fin des marées, et ce n’est pas facile suivant la force du vent d’être dans le bon timing : soit trop tôt, soit trop tard avec le courant contre, il importe donc d’optimiser.

Fleur d orient devant le fort louvois

Finalement une poussette à la godille-essence fut nécessaire en passant sous le pont d’Oléron avant de s’échouer sur le banc d’Agnas, où on a été tout surpris de voir un si grand nombre de petits bateaux à moteur posés là pour une pêche de palourdes miraculeuse.

Voiles de mornac 2017 apéro

 

Un moment de détente pour un pique-nique, apéro solidaire et très coloré en compagnie de nos ostréiculteurs accompagnateurs sur leur lasse à voile. Ensuite, bien sûr, la sieste s’est imposée avant de rejoindre les hangars bleus du chantier Rabeau. Finalement nous sommes arrivés au complet en fin de soirée comme prévu, après une rafale de vent inopinée qui nous a tous surpris.

Bateaux ancrés ou échoués à marée haute sur le sable fin, bivouac en haut de plage à côté des ateliers.

Re-apéro avec vue sur mer, au soleil couchant, décor d’un autre temps.

Ce soir-là, beaucoup ont sorti avec difficulté leur canot de l’eau, non pas à cause d’un abus d’un quelconque breuvage, mais de l’accès des remorques difficile sur la plage .

chantier Rabeau 2017 échouage

La soirée fut mémorable, dans de cet ancien chantier naval. Folle ambiance et repas cuisiné aux fruits de mer délicieux. C’était coques en stock mais quand même pas woodstock malgré l'odeur de sciure!

La soirée s’est passée entre les machines à bois sous les charpentes empoussiérées, à côté d’un vieux gréement en cours de restauration. Chants de marins, Brassens ou Antoine, grattage de guitare classique, pour gosiers asséchés, ohyé!


 

Mercredi

Malgré l’odeur du café servi, brioches et confitures, le petit déjeuner fut trop matinal, l’atelier respirant encore l’odeur de la bonne cuisine de la veille.

au chantier Rabeau 2017

Profitant du début de la marée descendante nous sommes rentrés seuls par la mer avec une escale au Chateau d’Oléron.

Après bien des bords dans le chenal étroit qui nous à amené aux premiers pontons, l’arrivée fut tranquille, à contre courant au pied de la citadelle.

Le bateau bien rangé, prêt à partir, il était l’heure de la visite des remparts, puis du marché, enfin d'un petit resto, mais déjà il était temps d’appareiller.

Ah les cons ! iIs ont enlevé l’eau autour des pontons ! les mouettes ont pied.

Safran, moteur, dérive, tous bien plantés dans la vase : nous voila obligé d’attendre. Eh oui, dès qu’on aborde les pontons flottants, on retrouve le réflexe des plaisanciers aux docksides.

Après bien des titillements, des mouvements oscillants à l’arrivée des premiers centimètres d’eau, nous avons enfin décollé, bon pour un petit nettoyage des appendices (du bateau s’entend).

De retour « En passant par Marennes  avec not’e bateau » nous avions programmé une escale « chez nos amis voileux. ». Éclade de moules et chambre d’hôte dans une grande maison bois, ça vaut le détour .

Comme nous venions de naviguer ensemble la veille, bien fatigués, notre hôte et moi, tous les deux à plat, finalement nous n’avons parlé que de « flat-twin ». Ah, vieille mécanique, quand tu nous tiens !

Fleur d orient bayraider 17 

Fleur d’Orient a rejoint Saint Nazaire, son port d’attache sur l’estuaire de la Loire, et son équipage a fait le plein de bons souvenirs .

L’Éguille, Mornac, le chantier Rabeau, un mélange d’étonnements.

C’est sûr qu’on y reviendra.

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